CORRIGE BTS 2012 Français Ecriture Personnelle

Ecriture Personnelle

Selon vous celui qui fait rire détient-il un véritable pouvoir sur les autres ?

 

Le rire est naturel et inévitable, c'est un phénomène irrépressible, il est signe de détente et d'amusement, il semble en tout cas la chose la mieux partagée au monde mais se pourrait-il que le rire détienne un véritable pouvoir sur les     autres ? Avant de répondre à cette question nous nous interrogerons sur la raison pour laquelle nous rions.

 

Rire est automatique chez l'homme qui ne peut contrôler ses zygomatiques. D'ailleurs, BENABAR dans « le fou rire » explique la difficulté de résister à un fou rire. Raymond DEVOS dans « Matière à Rire » traite de la libération corporelle que le rire déclenche. Le rire a une fonction sociale il rassemble et distrait, Dany BOON et Gérard OURY n'ont-ils pas rassemblé des millions de spectateurs en proposant des films comme « Bienvenue chez les ch'tis » ou encore « la grande vadrouille » ? Car le rire peut aussi être un élément de cohésion sociale, comme une arme, autrefois nous raconte Georges MINOIS, face à l'ennemi on riait pour montrer sa supériorité. Le rire a donc une fonction de rassemblement mais aussi parfois pour exclure, le petit Charles BOVARY n'en est-il pas victime le jour de la rentrée scolaire exposant aux yeux de ses camarades sa gaucherie et sa casquette extravagante ? Fabien FOUNIER dans « entreprises au bord de la crise de nerf » donne au rire une fonction thérapeutique et tente de libérer les employés d'entreprises de leur stress. Delphine DELARUE nous parle de Clémentine DUNNE une ancienne comédienne qui, elle aussi, utilise le rire comme moyen thérapeutique auprès des salariés mais aussi des seniors. On rit pour séduire également, l'humour de Tancredi dans « le Guépard » de LAMPEDUSA est destiné à charmer Angélica. Le rire revêt parfois des côtés plus caustiques lorsqu'il devient humour noir, les revues satiriques Hara Kiri et Charlie Hebdo en sont l'exemple, encore récemment leurs provocations ont fait réagir. Le rire sert aussi à dédramatiser des fait graves, les guerres, les conflits. Charlie CHAPLIN a inventé en 1940, donc en pleine seconde guerre mondiale, un dictateur nommé Hynkel qui ressemble traits pour traits à HITLER. En rendant HYNKEL ridicule CHAPLIN tente bien sûr de dénoncer le danger mais aussi de dédramatiser la situation politique et la guerre, Primo LEVI et Vahé KATCHA ont fait de même. Le rire a enfin une fonction de divertissement. Le théâtre de MOLIERE l'illustre parfaitement avec le « Bourgeois Gentilhomme » par exemple qui nous présente un Monsieur JOURDAIN prêt à tout pour être considéré comme un noble. LABICHE dans « un chapeau de paille d'Italie » utilise la surdité de l'oncle VEZINET pour amuser le spectateur. Même le théâtre de l'absurde proposé par IONESCO et pourtant bien différent du vaudeville, entraîne les spectateurs dans un délire orchestré de main de maître par une Cantatrice chauve qui n'a jamais existé.

Mais se pourrait-il que le rire détienne aussi un véritable pouvoir sur les autres ?

Le rire est une force absolue dont on ne peut nier la puissance. Primo LEVI dans « Si c’est un homme » nous parle du processus de déshumanisation des nazis qui consistait à se moquer en permanence des déportés enfermés dans l’univers concentrationnaire et qui, à chaque moment pouvait être exécutés. Delphine DELARUE dans « thérapie par le rire » explique qu’elle a suivi le travail d’une comédienne Clémentine DUNNE qui a décidé il y a quelques années de se consacrer à un atelier dédié au rire dans la perspective d’aider ceux qui étaient victimes du stress ou de la solitude à retrouver leur bonne humeur. Le rire comme thérapie a un pouvoir indéniable sur ces patients hors du commun qui se libèrent ainsi de leurs contraintes sociales et professionnelles. Dans la même perspective on peut noter l’expérience mené par le Docteur Clown dans les hôpitaux français ou le Docteur Patch aux Etats Unis qui aident des enfants à guérir en les faisant rire. Fabien FOURNIER dans « Entreprises au bord de la crise de ….rire » présente Serge GRUDSINSKI qui a fondé « Humour Consulting group » afin de résoudre ou d’atténuer les conflits au sein des entreprises par le rire. Le rire devient ainsi un métier dont nous bénéficions tous en regardant les sketchs de nos humoristes qui servent à nous détendre et à nous faire oublier les tracas du quotidien. Toutefois il ne faut pas oublier que le rire peut également être utilisé pour exercer un pouvoir négatif sur les autres. Henri BERGSON n’écrit-il pas que le « rire est fait pour humilier, qu’il doit donner à la personne qui en est l’objet une impression pénible ». Axel KAHN ne parle-t-il pas du rire comme potentiel objet de rejet par l’autre ? Dominique NOGUIEZ fait à ce propos une différence entre le rieur et l’humoriste attribuant au second un rôle plus subtile, plus secret, plus dangereux peut-être. L’expérience qu’a vécue le ministre Eric BESSON face à l’humoriste GUILLON en est l’exemple car avec la ferme volonté de dénoncer l’action de l’homme d’état, n’a-t-il pas ajouté des éléments liés au physique du Ministre destinés à le toucher plus profondément non plus en tant que personne publique mais en tant qu’homme tout simplement ? Car l’humoriste fait passer des messages qui amusent, distraient mais qui peuvent heurter également. Il détient là un véritable pouvoir renforcé par les sensibilités populaires. Ceci était vrai du temps de LA BRUYERE qui dénonçait les excès et les injustices de la société à laquelle il appartenait et c’est toujours vrai aujourd’hui, nous l’avons encore constaté récemment au moment des élections présidentielles via les réseaux sociaux et la télévision. Aujourd’hui ce sont les guignols de l’info par exemple qui diffusés à une heure de grande écoute font et défont le monde économique et politique.

On rit de bon cœur, seul ou de concert, pour de bonnes ou de mauvaises raisons sans que parfois on puisse contrôler ses zygomatiques mais il fait faire attention car ce rire bon enfant et considéré comme anodin peut détenir un réel pouvoir sur autrui. Les caricaturistes en développant par le trait les défauts des hommes politiques ne renforcent-ils pas des idées fausses qui perdurent ensuite et deviennent pour certains réelles ? Les utilisateurs de réseaux sociaux véhiculant des propos diffamatoires en modifiant l’apparence de certains ne vont-ils pas également dans ce sens transformant par le rire la vérité et en en créant une nouvelle ? Ces propos apparemment bon enfants ne pourraient-ils à terme être assimilés à de la propagande ?

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